J’ai monté récemment un atelier pour un groupe qui regroupe des parents solo, consciente que de nombreuses problématiques pouvaient être traitées dans cette période compliquée qui suit une rupture amoureuse… Le premier atelier m’a permis de poser les bases de travail et les outils que je transmets souvent à mes patients à la roulotte.
Parmi ces notions, j’ai introduit l’idée qu’il était possible, en travaillant sur soi, de cultiver un espace de joie, qu’aucun événement ne peut venir abîmer. Je l’appelle les 3 mètres sous la surface. Dans l’océan, cette zone n’est pas affectée par les tempêtes qui peuvent se dérouler au-dessus. C’est un lieu en soi qui permet de sentir la joie, quel que soit le contexte rencontré. Les anglais utilisent pour cela le terme « joy », alors que celui de « happiness » représente ce bonheur qui va et vient selon les événements de vie, impossible à canaliser ou à retenir…
La joie que j’évoque ici, c’est un état qui privilégie l’être et non le faire. Étant donné que le prochain atelier sera autour du thème de la solitude, il est important de faire le point sur cette nuance. Car être seul signifie soit être sans les autres, soit être avec soi. Tout dépend de nos filtres, notre interprétation, notre lecture. Et si on ne voit que le manque dans le fait d’être seul, on cultive inconsciemment la pensée que nous avons besoin de quelque chose ou quelqu’un : besoin de faire, ou d’appeler à soi d’autres personnes.
A l’inverse, on peut choisir de célébrer le fait d’être avec soi. C’est souvent là qu’est l’os : être seul revient à se regarder tel qu’on est, et dans les parties de soi que l’on n’a pas appris à aimer… Mais passer du temps seul est la condition sine qua non pour apprendre cette joie ineffable qui arrive lorsqu’on a compris comment « être », au-delà de nos rôles, de nos prisons mentales, de ces activités qui nous définissaient jusque-là.
Alors comment développer en soi cette fameuse zone des 3 mètres sous la surface, cet espace de joie intouchable ? Cela peut se trouver en passant du temps avec soi, sans rien faire. En apprenant à observer ses pensées, à en comprendre les mécanismes, que ce soit avec la méditation, la présence consciente ou d’autres outils de ce type. Cela peut surtout se développer en arrivant à être présent au moment, sans rien vouloir de plus…
Et j’ai compris par l’expérience que les moments où cette dimension est la plus accessible, c’est lorsque justement rien ne va dans l’enchaînement des événements qui se déroule dans notre vie : on a tendance à fuir, faire diversion, s’étourdir pour oublier. Mais si on apprend à rester calme, tranquille quand tout semble flancher autour de nous, si on cultive la paix intérieure contre vents et marée, cette petite joie finit par poindre, tout doucement. Nourrie par la confiance que l’on a que tout finira par se dénouer.
Et, immanquablement, elles finissent par le faire… Mais sur le chemin, au-delà des petites victoires ponctuelles, on a gagné l’accès à un espace en soi qui ne meurt pas et qui survit à tout et à toutes les personnes qui nous entourent. Cela s’appelle la joie intérieure…
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