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Comment mes croyances influencent ma santé



Effet placebo, effet nocebo

J’ai régulièrement dans mon cabinet la visite de patients qui ont des diagnostics médicaux pour des maladies chroniques ou des problèmes de santé divers. Immanquablement se met en place pour eux une série de croyances associées à la pathologie incriminée. Ces idées sont alimentées par l’expérience de personnes autour d’eux qui ont cette maladie, par des articles lus sur le sujet, par toutes sortes d’images véhiculées dans les medias. Le patient finit par se construire une histoire autour de cette maladie, et parfois même avant que le diagnostic final soit posé.

C’est humain : on a besoin de savoir, de comprendre, de mettre une étiquette… Il s’agit d’un processus tellement naturel ! Mais ce faisant, on met en place efficacement aussi ce qui s’appelle l’effet « nocebo » (« je nuis », en latin). L’effet placebo s’appuie sur le pouvoir de la pensée sur le corps : persuadé de prendre un médicament qui améliore sa santé, le patient est à même d’ordonner à son corps (inconsciemment) de produire les éléments nécessaires pour obtenir les effets qu’il imagine. Alors même que ledit médicament est en fait une pilule qui n’a aucun effet ! L’effet nocebo consiste à l’inverse à utiliser ce pouvoir du mental pour générer dans le corps les conséquences que l’on craint. Ces phénomènes ont été étudiés par le chercheur américaine Bruce Lipton dont le livre passionnant, La Biologie des Croyances (ed. Ariane, 2016), m'a profondément parlé. Et je l'ai vécu dans mon corps: je me suis persuadée durant des années que j’allais avoir un cancer, et malheureusement, je pense l’avoir induit de cette façon ! Cela correspondait à une croyance ancrée en moi, et c’est presque comme si je l’avais « appelé » dans ma vie… L’effet nocebo existe bien sûr aussi pour des médicaments : persuadé de l’effet délétère qu’il peut avoir sur sa santé, généralement pour ses effets secondaires, le patient peut envoyer dans son corps des signaux qui ont le pouvoir de déclencher ces effets…

 

Réaliser le pouvoir du mental

En réalité, tant qu’on n’a pas conscience de la force du mental sur le corps, on subit sa santé et on peut se laisser « programmer » par des articles médicaux, des diagnostics, des opinions de proches… On perd le pouvoir immense que l’on délègue inconsciemment à d’autres ! Dans ma pratique, je mets ainsi un soin particulier à redonner ce pouvoir à mon patient. Lors des séances de shiatsu ou de hytsu, j’invite la personne à se concentrer sur ses sensations. Lorsque je réalise une pression sur des points d’acupuncture, je peux sentir si l’énergie passe. Dans le cas contraire, je sollicite mon patient pour qu’il visualise le trajet de l’énergie à l’endroit où je travaille. C’est presque immédiat : je sens l’énergie se mettre à circuler ! Et quand le phénomène se reproduit, je signale à mon patient qu’il est sans doute perdu dans ses pensées ! Cela le surprend et il se remet à se concentrer, ce qui a produit le déblocage recherché instantanément… De cette manière, les personnes qui passent par la roulotte savent qu’elles ont un pouvoir immense sur leur corps. J’insiste beaucoup sur ces phénomènes que je porte à la conscience de mes patients pour qu’ils le réalisent : leur mental a le pouvoir d’induire des réactions dans leur corps.

C’est pour cette raison aussi qu’une femme qui accouche et qui donne une signification positive à la douleur associée à ce moment aura « moins » mal qu’une femme qui se focalise sur la douleur et la subit… En hypnonatal (hypnose pour les femmes enceintes, selon la méthode de Lise Bartoli), j’aime beaucoup induire ainsi auprès de mes patientes l’idée que la contraction est comme une vague bienfaisante qui aide l’enfant à sortir, et non une douleur insoutenable qu’elle ne peut que subir… Ayant moi-même accouché à deux reprises en maison de naissance, sans médicaments, je sais l’impact énorme des croyances que l’on peut avoir sur un phénomène physique ! Et le fait d’avoir une vision positive de la douleur dans ce contexte m’a permis de garder la main sur l’accouchement et de produire les endorphines dont mon corps avait besoin pour faire face aux contractions !

 

Utiliser les croyances pour induire la guérison

Je suis toujours claire envers mes patients : il n’est pas dans mon pouvoir de guérir qui que ce soit. Je vois plutôt mon rôle comme celui d’un agent activateur de ressources ! J’arrose les graines de positif de mes patients pour qu’ils réalisent qu’ils sont à l’origine de ce qui va bien dans leur corps ! Ce faisant, je les invite à se détacher des images et des croyances associées à leur état de santé. Et à transformer ces dernières pour reprendre le pouvoir sur leur corps. En cultivant des pensées positives sur la puissance de guérison qu’ils ont, ils activent puissamment l’effet placebo dont leur corps a besoin pour émettre les bons signaux, cultiver un terrain fertile pour favoriser ce qui va bien, ce qui peut soigner.

J’ai appris cette approche à Montréal lorsque j’ai fait mes études d’infirmière : on m’a enseigné qu’il fallait toujours m’appuyer sur les ressources du patient, mettre en valeur ce qui allait bien chez lui et entretenir ce qui allait dans le sens de la guérison. Cette approche remet le patient au centre de son soin, de sa santé. Elle le responsabilise et lui permet de réaliser qu’il peut mettre en place ce dont il a besoin pour aller mieux…

 

Et si on reprenait notre pouvoir ?

Il est temps de se remettre au centre de sa santé. Il est temps de cesser de déléguer intégralement notre pouvoir à l’extérieur. Et même si je crois en la médecine, qu’elle soit occidentale ou orientale, je pense que notre capacité à nous guérir doit d’abord être reconnue par nous-même et utilisée pour nous soigner. C’est par une approche globale et holistique que la santé se maintient, et elle s’appuie d’abord sur la réalisation que notre santé, c’est entre nos mains qu’elle prend sa source.


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